Problème de messagerie et romans

Publié le par ekmule

Bonjour,

 

Hier fut une journée à problèmes. En effet, la messagerie était pleine et à effacer tous les mails que j'ai reçu.

 

Le problème est réglé et vous pouvez à nouveau me contacter par mail.

 

La bonne nouvelle, c'est l'arrivé des deux chapitres d'introduction pour le roman. Il sera posté sur des forums et de nombreux particuliers vont recevoir les textes pour en apprécier les premières lignes et choisir l'histoire qu'ils veulent lire dans les prochains mois.

 

Voici les deux textes proposés :

 

Pyndare Pyndara :



Sur le monde de Pyndara, un homme empruntait le merveilleux chemin de l’aventure. Ce chemin commença dans le pays de Bochubochu. En effet, notre héros avait eu la malchance d’y naitre. Ce territoire était connu pour ses habitants au cerveau lent et à l’hygiène inférieure aux cochons qu’ils élevaient. Ce défaut de propreté avait terrifié les dieux eux même.

Rolf Dickiki marchait avec une allure déterminée à cause de sa frustration due à sa vie d’éleveur de poules et de la lenteur d’esprit de sa famille. Son malheur avait insinué en lui l’idée qu’il ne pouvait pas être né dans ce pays et qu’il avait du être recueilli ou maudit pour atterrir ici. La famille Dickiki était réputée pour son élevage de poules et pour ses œufs.

Rolf avait deux frères nommés Gy et Vy. Des frères dignes de leur père avec une odeur à assommer les loups à plusieurs mètres et des capacités inexistantes de réflexion. Ils étaient souvent en admiration devant ce dernier pour les explications sur la façon de procédé pour convaincre les poules de rester dans la ferme. Rolf en était tellement déprimé de voir ce spectacle tous les jours qu’il pensa très souvent au suicide ou au meurtre. Sa petite sœur Illiad était différente. Jamais à la maison, entrain de courir la forêt et de nager dans les étangs et les lacs des environs, elle était la personne que Rolf regretterait le plus.

Rolf s’ennuyait de sa mère décédée à l’âge de 25 ans. C’était son heure disait son père. En effet, dans le pays de BochuBochu, on ne vivait pas longtemps. Morte en glissant sur une crotte de poule, on se vengea en étripant la volaille coupable de cette infamie. Même si Rolf doutait un peu de l’utilité d’avoir à juger une poule devant tout le village. Mais ça permettait de changer le quotidien des citoyens de Bochubochu. Il ne restait plus que son père pour s’occuper de la ferme et c’était bien ça le problème.

Le géniteur de la famille n’avait pas voulu mourir aussi vite que sa femme. Agé de 32 ans, il avait acquis une odeur suffisamment forte pour tuer les mouches au lieu de les attirer. Rolf avait de grandes difficultés à éviter son haleine car la sentir suffisait à vous donner des malaises. Il avait tenté en maintes occasions de le convaincre de le laisser partir mais celui-ci était le miracle de la famille. Un œil perçant capable de trouver les œufs des poules les plus diaboliques, un physique musclé et svelte pour débusquer les poules qui se suspendaient à des arbres et surtout d’une intelligence rare qui lui permettait de compter jusqu’à au moins à vingt. Alors celui-ci avait toujours refusé d’aider Rolf à voler de ses propres ailes.

Rolf continuait sa marche avec entrain. Doté d’une mâchoire carrée et des sourcils broussailleux, il était parti avec un simple pantalon crasseux et une besace avec quelques effets personnels. La colère montait en lui en se souvenant de ses dialogues vides et inexistants avec son père. Rolf se répétait en permanence qu’il ne pouvait pas être né dans cette famille de débiles. Notre héros ralentissait et regardait le ciel. Il venait de penser à ses cousins qui étaient de véritables phénomènes dans le pays. La honte pesa sur ses épaules et il avait l’impression de porter toutes les poules du pays. Il fut stupéfait de voir qu’il se référait toujours à des poules pour parler de ses problèmes. Il était clairement temps de partir loin de sa ferme.

Le ventre de Rolf grogna et fit vibrer le corps de celui-ci. Il fouilla sa besace à la recherche de nourriture et ce fut le drame. Il n’avait rien pris et son repas du matin venait d’être digéré par son ventre glouton. Rofl était obligé de faire un détour et il pensa immédiatement à son ami Dodo.

Il ne lui fallut pas longtemps pour entrer dans un camp de bucheron où les hommes et les femmes s’activaient à couper les arbres. Portant un pagne et des sandales, leur allure n’inspirait pas la civilité. Des poils longs bruns ou noirâtres pendaient aux cuisses et sur leurs torses ce qui devait surement leur tenir très chaud. Avec leur forte musculature, on aurait pu espérer de vaillants barbares défiant la nature de leur force herculéenne. Mais finalement ce ne sont que des bucherons dont la crasse n’égale que leur stupidité. En effet, si vous avez le malheur de leur parler d’autres choses que de la nourriture ou du bois, vous êtes menacé d’écartèlement à mains nues pour leur avoir fait utiliser le seul neurone encore viable dans leur crâne.

Rolf ne les craignait surtout pas car son amitié avec Dodo suffisait à se faire accepter par les gens du coin. Ses pas le menèrent directement près de la marmite d’où une odeur de ragout s’échappait. Un gaillard bien gras était assis auprès du récipient avec des cheveux hirsutes et une barbe blonde comme le maïs qui collait à son ventre. Dodo tournait sa lourde louche dans la nourriture et goutta la mixture. Son visage se crispa et il prit une bouteille cachée dans son dos. Il versa aussi doucement qu’il pouvait un liquide transparent puis il leva son visage rond vers Rolf qui lui souriait de toutes ses dents. Le visage de Dodo s’illumina à la vue de son ami et sauta sur ses deux puissantes jambes. Il était le cuisinier du camp des bucherons de Babakus et son ventre rond aux nombreux bourrelés était sa fierté. Sa longue chevelure blonde faisait de lui une vraie botte de paille et son énorme pagne permettait de savoir qu’il n’était pas un primate cannibale.

Dodo prit entre ses mains le jeune Rolf et le serra contre lui. Rolf crut être englouti dans des sables mouvants mais il se ravisa de garder cette remarque pour lui.

- Didiou, l’ami Rolf vient me distraire sur mon lieu de travail !! Mais quelles nouvelles !! Hurla l’énorme ami en libérant Rolf de ses graisses

- Par les entrailles de la terre, Dodo. Ne me serre pas ainsi, je ne suis point une de tes bouteille que tu aimes tant !!

- Je t’assure que ton destin aurait été court si ça avait été le cas, gloussa son ami

- Je n’en doute pas. Mais heureux de voir que tu te portes aussi bien, répondit Rolf

- Oh, c’est certain que j’ai de quoi passer l’hiver comme un ours, répondit Dodo en secouant sa graisse qui fit de nombreuses vagues sur son corps.

Rolf regarda les alentours mais nulle personne ne c’était intéressé à leurs retrouvailles. Il s’avança près de la marmite et lorgna son ami qui prit un récipient pour verser le même liquide transparent qu’il avait versé plus tôt dans la nourriture.

- Verses-tu de l’alcool dans le potage ? C’est un peu dangereux pour le travail de bucheron d’être saoul comme un cochon, interrogea son ami avec un regard étonné

- Bah j’utilise cette petite gnole pour masquer le goût dégeulasse de mon potage quand il est raté. Je suis bien obligé si je veux garder mon travail de cuisinier.

- Ce qui arrive souvent je présume, riposta Rolf en pointant le doigt vers la montagne de bouteille non loin de Dodo.

- Voyons, viens-tu ici pour m’humilier ? Moi, Dodo ton ami !! apostropha le cuisinier bien gras du camp de bucheron.

- Non, l’ami. Je n’oserai pas mais il est rare pour moi de pouvoir parler en faisant des phrases complètes avec quelqu’un de la région. J’en ai oublié les civilités.

- Il est vrai que parler aussi longtemps est rare, conclut Dodo

Dodo tendit un verre que Rolf prit entre ses mains sales. Son ami lui versa un peu de la gnole et trinqua avec sa bouteille le verre.

- Santé !! L’ami, souffla Dodo avec un sourire qui révélait qu’il lui manquait déjà des dents à 16 ans.

- Santé, Dodo !! reprit Rolf en levant son verre et ingurgita le liquide.

Coulant comme de la lave en fusion ce dernier brula langue gorge et estomac. Rolf crut que ses yeux allaient éclater et il regarda Dodo ricaner tout en devenant rouge comme une tomate.

- Ma parole Dodo mais ce truc tuerait un Balodorck, répondit avec une voix roque le pauvre Rolf qui avait eu le malheur de boire cul-sec ce breuvage.

- Pour des monstres comme mes cousins, il faut au moins ça pour les réchauffer, gémit Dodo en lâchant un gaz de son derrière pour faire évacuer la pression que subissait son corps.

- Ton potage doit vraiment être ignoble pour avoir besoin d’un tel ingrédient pour masquer le goût surtout, fit remarquer Rolf

- Il est vrai que ce n’est pas bon mais je n’y suis presque pour rien vu que les légumes et autres viandes que l’on me fournit sont tout aussi atroces, Dit il en haussant les épaules

- Et bien malgré tout j’ai trop faim pour refuser un bol mais je regrette une nouvelle fois d’avoir omis de prendre des provisions, riposta Rolf en blêmissant devant sa nouvelle épreuve.

- Provision ? Que m’apportes-tu là comme nouvelles.

- Je me barre. Je me casse. Je déplace mon beau cul musclé dans un endroit moins débile que le pays où nous vivons. J’en ai assez de ce ramassis de boue et de charogne qui fait mon quotidien, souffla à son ami avec une voie empreint de colère.

- Par la vidange des entrailles de ma pauvre mère. Tu veux traverser le marais et partir du pays ? se médusa son ami Dodo

- Tout à fait !! En tant qu’aventurier, je serai enrôlé dans le pays voisin. Et tout ça grâce à mon intelligence qui dépasse de loin la moyenne du péquenot du coin, Rolf gonfla son torse à ses paroles.

- C’est vrai que nous ne sommes pas vraiment à notre place mais je te vois mal traverser le marais malgré tout, tout le monde raconte qu’il est très dangereux, répondit il en regardant son ami fier de sa dernière phrase.

Prenant un bol du potage de Dodo, Rolf ingurgita les quelques aliments qui flottait dans un bouillon à l’aspect des plus étranges. La grimace de ce dernier confirma à Dodo que son potage n’était pas bon du tout.

- Dodo, j’en étais sûr que tu me conterais pareil absurdité. Sache que moi, ton ami d’enfance défiera ce lieu, clama Rolf avec une fierté non dissimulé.

- Rah, dommage que mon métier de cuisinier me ravit. Je suis bien mieux placé que toi, pauvre éleveur de poulet débile incapable de te pondre des œufs avec une forme normale, répliqua Dodo en pointant du doigt Rolf. L’ancien éleveur de poulet baissa les bras en se remémorant ce détail.

- C’est désespérant et ça me motive à ne plus regarder en arrière, je dois aller très loin de cet endroit. Je laisse volontiers à mes frères et à ma pauvre sœur cette tâche qui est digne de leurs têtes vides, termina Rolf en secouant la tête par dépit.

Notre éleveur de poulet se tourna pour voir un colossal gaillard s’approcher et tendre un bol vers son ami grassouillet. Dodo le servit avec entrain tout en lui tapant sur l’épaule d’une façon bien virile. La brute souriait avec de nombreuses dents manquantes.

Dodo le laissa s’écarter pour regarder d’un air interrogateur Rolf qui continuait à ingurgiter l’immonde mixture.

- Tu es vraiment sérieux ? soupira Dodo plus que jamais meurtri de voir son ami partir.

- Oh que oui. J’en peux plus de parler au vent quand je commence à tenter de discuter avec mon vieux, confirma Rolf avec une voix déterminée

- C’est sûr, c’est pas une flèche.

- Ils comprennent rien surtout. Tient pas plus tard qu’hier, je parlais de tout ça à mon père qui ne savait pas ce qu’était un aventurier. Pour lui, c’était une poule sauvage. De toute façon pour lui, tout est associé aux poules, soupira Rolf en vidant son bol.

- Ah oui. Tout est associé aux poules ?, s’étonna Dodo en buvant une gorgé de la gnole.

- Bah oui et son plus grand mystère dit il : c’est de savoir ce qui est arrivé en premier. L’œuf ou la poule, dit Rolf en montrant du doigt le ciel.

Dodo hocha la tête pour confirmer le drame spirituel que Rolf subissait chez lui. Il se leva et alla chercher un sac de toile remplit de divers aliments plus ou moins pourris. Le ramenant devant lui, il le jeta sur les pieds de Rolf qui râla de plus belle.

- Mais fait attention !! j’en ai besoin de ces pieds.

- Et tu auras besoin de bouffe. Voilà quelques réserves et c’est gratuit, mon ami. Sourit Dodo devant son cadeau.

- Tu es merveilleux Dodo. Je ne t’oublierai pas durant mon avenir merveilleux, fit Rolf qui était ravit d’avoir de telles provisions.

Après quelques bavardages inutiles, Rolf s’éloigna de son ami d’enfance pour se diriger vers les boues d’atrouille qui veut dire en Bochubochu le marais qui fait peur. Les habitants évitaient l’endroit car de nombreux animaux chantaient de jour comme de nuit. Il n’y avait rien d’autres mais ça faisait suffisamment peur pour que le peuple de Bochubochu n’ose s’y aventurer. D’un pas certain au départ, les jours passèrent laissant des cloques vraiment énormes sur son véhicule de prédilection, les pieds.

Rolf n’avait pas le choix de s’arrêter à nouveau et de faire la rencontre de la famille de Bill. Un cousin qui ne parlait jamais mais le plus utile de la famille. En tout cas, on le présentait comme tel. La ferme des Dickiki avait plusieurs champs qu’il pouvait cultiver grâce à leur fils. En effet, comme la plus parts des habitants de Bochubochu, ils étaient tous d’une forme physique élevé à cause de la vie difficile qu’ils subissaient. Mais Bill était sûrement de loin le plus fort avec son 2 mètre 30, une mâchoire à faire peur un tyrannosaure et des mains capables de creuser la terre sans difficulté. Nul n’osait l’affronter ou le contrarier. Mais il était en réalité aussi doux qu’une vache mais rien à faire les gens en avait peur. Bill était donc une vraie bête de somme qui n’avait jamais dit un seul mot depuis sa naissance. Sa tête suffisait à faire peur aux animaux les plus dangereux de la région et certains pensaient qu’un jour il mangerait tout le monde dans le pays.

Rolf arriva en clopinant avec un enthousiasme forcé à la vue de ses quatre cousines. Elles étaient loin d’être vilaine même si comme tous les membres du peuple Bochubochu, l’hygiène laissait à désirer. Les quatre jeunes femmes s’élancèrent à son coup pour le saluer. Il leurs fit la bise et avec d’énormes efforts il les repoussa. Elles restèrent autour de lui en piaillant d’excitation. Rolf regarda au loin dans le champ pour voir son cousin qui continuait à labourer le sol de ses mains énormes. Il évitait ses cousines autant que possible car il ne comprenait rien à ce qu’elles disaient et pour d’autres raisons bien plus graves. La famille de son oncle Erofol avait plusieurs particularités qui faisaient d’eux des gens connus dans le pays. La première était bien sur Bill mais le reste de la famille avait aussi sa réputation.

En effet, ils parlaient tous très vite et le reste suffisait à Rolf de prendre le plus de distance avec ses charmantes cousines car plus d’un homme fit l’erreur de rentrer dans leurs jeux. Les filles se calmèrent à l’arriver de son oncle Erofol qui pourtant n’avait guère une stature d’homme fort mais plutôt de gringalet pour le commun des gens du Bochubochu. L’homme aux cheveux bruns avait une peau bronzé et des yeux d’un bleu éclatant. Avec un lourd chapeau de paille et des habits de cuir bien attachés, il respirait la richesse pour un habitant de son pays mais passerait bien entendu pour un primate ailleurs. Le visage gravé par des rides profondes et quelques pustules, il était comme son père, proche de passer l’arme à gauche avec ses 30 années de vie. Ce dernier serra la main de Rolf avec une énergie impressionnante.

- Hola mon oncle, comment allez vous, se présenta Rolf en plongeant son regard dans celui de son oncle qui était incapable de fixer quelques choses plus d’une demi seconde.

- Bahtuvoisc’estpascequetufaislamaisjesuiscontentdetevoirdemêmequetatantevatefaireunsoupéquetupourrasensuitenousracontépourquoituesla.

- Euh oui. C’est super.

Rolf regarda perplexe son cousin titanesque qui ne bougeait toujours pas de son champ

- Et bien Bill est toujours aussi vaillant à la tâche.

- Bongarçoncestsurilestpasnormalmaisilaidesafamilleàvivrebiensansluiceseraitplusdifficilemaismaintenantonglandecommecestpaspermis.Onaeuduboldavoircegamin.jaijamaisautantrienfoutudetoutemachiennedevie.

- Euh ouais, c’est sûr mon oncle répondit Rolf en se frottant la tête pour masquer autant qu’il pouvait le fait qu’il n’avait rien compris.

La maison de son oncle était bien plus grande que celle de sa famille. Une réussite due à leur fils bien costaud. On lui apporta sur la seule table de l’unique pièce de la maison un oiseau bien cuit et quelques légumes. Rolf ne fit pas la fine bouche et mangea goulument alors que ses cousines qui n’avaient pour l’instant pas eu le droit de dire un mot, le déshabillaient du regard avec une avidité qui faisait peur. La famille qui non seulement avait la fâcheuse habitude de parler beaucoup trop vite, faisait tout trop vite. Et hélas les cousines faisaient tout avec beaucoup trop d’énergie, cuisine, tissage, culture et les devoirs de la femme envers son mari. Et ce dernier point fut finalement ce qui terrorisa tous les prétendants après que le premier mari de la fille cadette décéda durant sa nuit de noce. Le pauvre bougre n’avait pas supporté cette nuit.

L’oncle prit une chaise pour y poser ses fesses et regarda le fils de son frère se régaler de la formidable volaille. Il se racla la gorge pour attirer son attention et commença à lui parler mais d’un geste Rolf l’arrêta.

- Mon oncle. Si vous voulez que je vous réponde. Parlez plus lentement dit-il en gardant un ton assez poli pour éviter de le vexer.

Celui-ci le regarda et fit la moue. La femme de son oncle Bigiètte posa une cruche d’un vin presque noir et un verre d’argile. Celle-ci était aussi mince que ses filles et on avait l’impression qu’elle se déplaçait au ralenti. Une concentration pour se retenir qui était incroyable aux yeux de Rolf. L’oncle Erofol prit le verre pour se verser du vin noir et en but plusieurs verres avant de reprendre la parole.

- Bien. Alors que fais-tu ici ? Aussi loin de tes poules, cher Rolf commença son oncle qui dans un effort incroyable arrivait à parler normalement mais des veines apparaissaient sur son visage prouvant que ça lui était difficile.

Dans les coins de la pièce, les quatre filles répétèrent son prénom en le murmurant de nombreuses fois.

- Et bien mon oncle Erofol, je m’en vais du pays en traversant le marais de la peur, répondit Rolf avec une voie la plus décontractée possible.

- Pardon ? Interrogea cet homme en plein effort

- les boues d’atrouille, je veux dire, précisa notre héros.

D’un cri, la tante Bigiètte sursauta au nom horrible de ce marais censé être effrayant alors que deux de ses cousines tombèrent dans les pommes soutenues par leurs sœurs qui avaient un peu plus de tripes. Erofol regarda Rolf en blêmissant et pris un autre verre de vin. Il but cul-sec le nectar et se resservit six fois avant de pouvoir reprendre la parole.

- Voyons, mon garçon. Veux-tu mourir ? Si c’est la mort que tu cherches il serait peut être préférable que ce soit avec une ou deux de mes filles. Tu serais utile au moins. Tu pourrais les calmer quelques jours avant de mourir, expliqua son oncle avec un ton qu’il espérait convainquant.

- Non, merci. Je préfère encore les marais. Je t’assure que je ne mourrai pas dans cet endroit qui est d’ailleurs pas plus boueux que la ferme de mon père et ses poules, affirmant sa résolution dans cette phrase, Rolf regarda son oncle avec le regard des braves.

- Mais voyons. Tu as la tête trop pleine mon garçon. Il ne faut pas y aller.

- Et pourquoi ? interrogea Rolf en croisant ses bras

- Parce que, gémit son oncle.

- Et c’est tout ?

- Mais oui, parce que, c’est une très bonne raison, non ? ça explique tout fit son oncle en hochant la tête comme si ce qu’il venait de dire était très intelligent.

- Je vois. Puis-je avoir l’occasion de dormir une nuit sous ton toit ?, soupira Rolf devant la dernière phrase de son oncle qui venait de lui confirmer la raison principale pour partir de cet enfer de stupidité.

- Bien entendu, affirma son oncle.

La nuit tomba rapidement et Rolf se mit à l’écart de cette famille qui comme toujours répugnait à comprendre les choses. Son oncle commençait à expliquer que les démons avaient rendu malade la tête de Rolf. Celui-ci eu beaucoup de mal à fermer l’œil de peur qu’ils décident de lui ouvrir le crâne pour son bien. Mais ce fut bien pire car la marche l’avait réellement épuisé et il se réveilla dehors bien loin de sa paillasse. Un visage féminin au dessus de lui terminait de l’encorder au sol.

Dillity était la sœur cadette et avait été marié deux fois à des hommes qui pensaient avoir chopé la plus belle femme des environs. Cependant ils ne profitèrent que de leur nuit de noce avant d’expirer d’épuisement. Dillity souriait de sa dentition presque parfaite si on ne se basait pas sur la couleur de ses dents jaunâtres. Un regard de braise flamboyait sous la lune naissante et Rolf se débattait comme il pouvait mais il était bien attaché. Le corps nue de la jeune femme transpirait et luisait sous la lumière blafarde puis des mots doux furent chuchotés à l’oreille de l’éleveur de poulet.

- Voyons, voyons. Rolf, tu ne vas pas partir pour les marais sans me dire au revoir quand même, susurra-t-elle avec un gémissement qui aurait dû exciter un homme normal. Mais l’esprit de Rolf savait ce que ça voulait dire et son corps aussi. Les deux auraient voulu hurler de terreur mais ils étaient bâillonnés.

- Tu m’as évité tellement de fois reprit-elle

Loin de la ferme en plein milieu du champ sous l’observation d’une lune orange, cette dernière devait rougir de la scène. Mais soudain sa douce lumière disparut, camouflée par une chose immense. Dillity se dressa et voulu se tourner pour faire face au danger qui avait réussi à la surprendre. Mais il était trop tard, une lourde gifle l’assomma sans forme de procès. Bill prit sa sœur dans ses puissants bras avec délicatesse et cette force de la nature regarda Rolf. Il hocha sa tête pour acquiescer et se tourna vers sa maison où il emporta sa sœur endormie. Rolf soupira de soulagement et attendit que son cousin revienne vers lui. Bill revint avec ses affaires et les déposa à coté de lui. Il le libéra et lorsque celui-ci était debout, il lui indiqua la direction du marais. Le puissant Bill le regarda avec le sourire et une sagesse qui scintillait dans ses yeux.

Rolf le remercia en chuchotant et lui serra la main avec les deux siennes. Celui-ci lui sourit à nouveau et avec sa grosse main frotta la tête de son cousin bien aimé. Rolf étouffa ses rires et pris son baluchon de nourriture. Il quitta la maison tout en regardant l’imposant Bill qui lui disait au revoir. Mais notre héros s’arrêta soudainement. Il regarda fixement son sauveur qui dans un silence dérangé par quelques échos de ronflement eu un pincement au cœur. Cette montagne avait toujours été la mule de la famille. Son oncle devrait avoir honte d’enchainer son fils ainsi à des travaux d’animaux. Rolf retourna vers lui et souffla à son encontre.

- Vient avec moi, Bill. Devient quelqu’un.

Bill lui sourit et se gratta la tête. Ce monstre de muscle fit un signe de la main comme s’il voulait que Rolf attende un instant. Malgré sa masse, il se déplaçait silencieusement lorsqu’il entra dans sa maison puis il se pencha au dessus de ses sœurs pour leur embraser le front. Il prit un peu de nourriture stockée dans un coin et le fourra dans un sac. Rolf souriait devant les adieux de son cousin et il le regarda s’immobiliser devant la cadette Dillity. Contre toute attente, Bill sortit un papier où il écrivit quelques mots avec un morceau de charbon. Il glissa le papier sous sa tête.
Difficile de croire les rumeurs à son encontre en voyant ainsi agir Bill, Rolf avait son cœur qui se serra devant tant de tendresse. Finalement sa cousine lui semblait bien plus dangereuse. Bill s’approcha de lui et sortit de la maison. Il indiqua d’un signe de tête à Rolf d’avancer devant. L’éleveur de poulet, un peu intimidé, lui tourna le dos et avança vers la direction du marais d’Atrouille. Il marcha d’un bon pas, fier d’avoir avec lui l’homme le plus fort du pays et peut être même du monde.

Leurs marches les dirigeaient lentement mais sûrement en direction du marais de la peur. Mais Rolf qui avait commencé à avoir des doutes trouva en lui le courage de ne pas tourner son visage en direction de son ancienne vie. Il n’avait pas peur. Il ne regrettait pas sa décision et il était enfin loin de son cauchemar.

 

Hel :


Faelis,
Les murs blancs de la cité de Faelis s’assombrissaient alors que la nuit s’approchait. Les tours de garde pointaient d’un doigt vengeur les dieux qui l’avaient abandonnée. Des piliers de flammes crachaient un épais nuage noir dans le ciel grisâtre qui contemplait la chute d’une cité qui n’était jamais tombée depuis près d’un siècle.
Les cadavres s’empilaient dans les rues de la ville où d’immenses rochers s’écrasaient encore sur les dernières poches de résistance des fidèles de Malar, le jeune frère du roi légitime.

Les trébuchets dirigés par Hodir Brisemontagnes étaient la cause de la chute de cette fabuleuse cité. Les mercenaires avaient une terrible réputation pour transformer une défaite en victoire. Hodir était un homme marqué par les batailles depuis près de 20 ans et son visage rond souriait avec les dernières dents qu’il possédait. Son regard d’émeraude luisait sous les derniers rayons de soleil et sa chevelure noire dansait sous le vent nocturne qui gonflait les brasiers allumés par les soldats de l’armée de Dorkos, le roi déchu de l’ancien empire des tempêtes. Sa corpulence d’un mélange de gras et de muscles donnait la sensation d’avoir un ours qui contemplait le charnier qui gisait au pied des murs de la cité.

Les portes de la ville avaient été fracassées par la puissance d’un bélier d’acier qui avait laissé une meute d’hommes avides de destructions s’engouffrer dans les rues de la ville. Hodir se tourna vers un homme doté d’une lourde armure en métal et d’os. Une épée dentelée pendait à sa ceinture et il portait un lourd écu de bois et d’acier représentant un phœnix montant au ciel. Son visage était camouflé par un casque rouge orangé surmonté d’un plumeau jaunâtre. Il se dressa en gonflant ses muscles et frappa sa poitrine de son lourd poing ganté.


- Des nouvelles, Roddick ?

- Oui, Hodir. Notre travail est enfin fini et la paye a été sécurisée.

- Parfait. Que reste-t-il à l’intérieur ?

- Seulement quelques soldats désespérés qui finiront par mourir.

- Bien… Allons au devant de notre employeur. Il est temps de rappeler à ces chiens la suite de notre contrat.

L’armée de Hodir était composée de mercenaires et la plus part de ses hommes avaient eu l’autorisation de piller la ville juste pendant la première journée cependant une grande partie était restée à l’extérieur. La guerre civile qui sévissait dans le pays des tempêtes devenait de plus en plus impitoyable et les trahisons étaient devenues monnaie courante. Hodir et Roddick s’avançaient d’un pas lourd vers leurs montures bardées de fer. Ils devaient aller voir les généraux de l’armée de Dorkos pour finaliser un contrat suite à la chute de la cité. Les deux hommes savaient d’emblé qu’ils n’allaient pas être bien accueillis car ils avaient été recrutés à cause de l’incompétence de généraux du roi déchu. Les mercenaires souriaient devant leurs maîtres et écrasaient leurs poings contre leurs poitrines par signe de salut. Montant leurs puissants destriers, les deux hommes furent rejoints par plusieurs de leurs cavaliers. Lourdement armés, ils s’enfoncèrent dans l’immense camp en partie désert de l’armée du roi déchu.
Ce dernier venait de frapper un grand coup en capturant la cité de Faelis et en brisant le moral des troupes de son traitre de frère qui lui avait tenu tête depuis 5 ans. Mais rien d’étonnant, Malar était l’un des piliers de la victoire finale d’une guerre qui dura près de 30 ans. Une guerre qui se conclura par la ruine des attaquants et des défenseurs. Les trois pays subissaient des luttes de pouvoir pour ramasser les miettes d’un peuple à l’agonie. Même après la chute de Faelis, Dorkos n’avait pas pour autant gagner. Il devait faire face à sa sœur Milia. Celle-ci était devenue l’effigie d’une religion abandonnée depuis longtemps. Cependant le peuple affamé et perdu dans un désespoir qui lui semblait sans fin se tourna vers cette vieille croyance nommée Astrosis. La foi était devenue maître de plus d’un tiers du pays et son pouvoir grandissait chaque jour avec les nombreux prêcheurs qui scandaient sa bienveillance dans les campagnes.

S’élançant sur le terrain déformé par les pas des soldats, Hodir et Roddick se dirigeaient vers les tentes du commandement. Les soldats de Dorkos n’avaient nul respect pour les mercenaires venant d’un pays étranger. La haine se lisait sur leurs visages qui avaient été humiliés par leurs aides déterminantes dans leur victoire en cette fin de journée. De nombreux soldats étaient positionnés autour des tentes des généraux obligeant les maîtres des Brisemontagnes de laisser derrière eux leur escorte. Marchant dans la boue jusqu’à la tente, il entra sans attendre que le soldat l’annonce à ses maîtres. Roddick le suivait de près et pénétra à son tour. Les quatre généraux en charge de prendre Faelis étaient présents. Grys, un maître de bataille respecté avait été rappelé de sa retraite par le roi déchu. Les cheveux grisonnants et l’oreille gauche arrachée n’étaient que l’un des nombreux signes de sa longue vie sur les champs de batailles. Nul doute que si le siège de Faelis ne fut pas un total échec, c’était grâce à ses conseils avisés. Il sauva bien plus de vies que les trois autres généraux réunis. Nalius, Jorr avaient eu leurs postes grâce à leur sang de noble ligné tandis que Mafrak avait su profiter de la dernière guerre pour voler ce poste. Nalius Oragon avait sous son commandement les tempêtes d’argent. Il était jeune et svelte mais il avait un orgueil aussi démesuré que ses soldats. D’une chevelure rousse et une peau noirâtre, les rumeurs évoquaient qu’il était le descendant des Zyfrisis, les tueurs de monstres. Une époque perdue où les plus folles légendes parlent d’un monde où les hommes n’étaient que des proies. Jorr Valia est de loin l’homme le plus inexpérimenté sous cette tente. Commandant une armée à l’âge de 18 ans, il était un cousin direct de Dorkos et l’un des prétendants au trône si les trois enfants du roi Gyarzarm venaient à s’entretuer dans cette guerre civile. Mafrak avait la réputation d’un brigand qui avait gagné son statut de noble dans la guerre précédente. Relativement petit, ses boucles d’un bruns clair et sa barbe naissante sur une peau blanche faisaient de lui un homme à la prestance d’un roi mais son cœur n’était que celui d’un tyran assoiffé de pouvoir.

Hodir se dressa de toute sa taille pour regarder de haut les généraux et sourit de la façon la plus insolente pour marquer sa participation à la victoire sur Faelis. Sa voix porta bien au-delà de la tente lorsqu’il débuta les négociations.

- Bien, vous savez pourquoi je suis ici. Il est temps de finir notre contrat.

Le vieux général se leva et croisa les bras sur sa poitrine et une voix grave et froide sortit de la bouche du vétéran.

- Tu n’as aucune tenue Hodir et ton insolence en te présentant ainsi ne me donne guère l’envie d’honorer la fin du contrat. Tu as eu suffisamment d’or en ce temps de guerre où famine et maladie deviennent de plus en plus courantes pour que je te laisse massacrer les villages sous la tutelle de Faelis.

Hodir rit et s’approcha de la table pour prendre un pichet de vin réservé aux généraux et l’ingurgita d’un coup laissant à la fin s’échapper un long rot. Les généraux autour de Grys ne pouvaient plus tenir la colère de l’humiliation et de leurs rêves brisés par ce mercenaire. A l’unisson, les trois hommes dégainèrent leurs lames et se mirent en position pour encercler les mercenaires.

- Insolent comment oses-tu te moquer de nous, brigand au sang de Bâtard ragea Mafrak en pointant sa lame vers les deux seigneurs de guerres des brisemontagnes.

Roddick posa sa main sur la garde de son épée dentelée et son visage masqué par un lourd casque ne pouvait montrer son sourire confiant devant l’audace des trois ambitieux gradés de l’armée de Dorkos. Hodir les toisa en les regardant sans même bouger pour dégainer son épée à la ceinture.

- Tu ne dégaine même pas ton arme, porc ? reprit Mafrak avec un regard froid d’un assassin sans honneur.

- Nul besoin, l’ami. Votre incompétence à conseiller le seigneur Grys suffit à n’avoir nul besoin de tirer l’épée, répondit Hodir d’un ton jovial

- Ton insolence n’a aucune limite et tu vas le payer de ton sang, termina Nalius avant de lancer l’assaut.

Les lames de Nalius et Jorr furent déviées d’un enchainement rapide de la lame dentelée de Roddick. Ce dernier frappa avec force et rapidité les épées des deux généraux les repoussants de plus en plus vers les limites de la tente. Hodir, malgré son poids, n’avait pas la finesse de son ami. Il s’écarta vivement de l’épée de Mafrak bloquant certain des coups avec son armure de métal. Il arracha de terre un étendard près de l’entrée et frappa Mafrak à la poitrine. Celui-ci eu le souffle coupé mais son agilité lui permit de s’éloigner de cette arme peu conventionnelle pour ensuite la briser avec quelques coups bien placés. Mais il ne s’aperçut pas de la manœuvre et rapidement avec le tissu de l’étendard Hoddir put s’approcher de son adversaire. Prenant le bras tenant l’épée, le seigneur de guerre des brisemontagnes désarma Mafrak. L’armure protégeait le bras de la force de Hodir mais il n’avait pas de casque pour le protéger et d’un coup furieux l’épais crâne du seigneur de guerres brisa le nez de l’impudent l’envoyant dans le coma pour quelques heures. Hodir se tourna vers Grys avec un sourire de satisfaction. Les soldats entrèrent mais le vieux général fit un geste pour arrêter les gardes chauffés à blanc.

- Cela suffit maintenant siffla Grys avec un regard dur à ses généraux.

Hodir ricana et lâchant le général d’entre ses mains s’écraser au sol et plaça son pied sur son dos.

- Voilà pourquoi je suis odieux en ta présence, Grys fils d’Orgun le lion des mers. Comment as-tu pu laisser ces fillettes se tenir à tes cotés alors qu’ils n’ont même pas entaché leurs beeeelles armures au champ de bataille répondit Hodir de façon ironique.

Ce dernier cracha au visage de Mafrak pour finir sa phrase. Dans un silence, le vieux général soupira lentement. Grys fit la moue en regardant Roddick et Hodir pour enfin fixer le maître des brisemontagnes.

- Les temps sont trop durs et tu dois comprendre que le pillage de cette région ne fera qu’empirer la situation. Et je ne veux plus voir de massacres inutiles, clama finalement Grys.

- Il n’en sera pas ainsi Seigneur de guerre. J’ai besoin de nouveaux hommes et les recruter de force à cause de la défaite de leurs maîtres est mon vœu. Bien sûr il est difficile de refreiner les ardeurs de mes nombreux Grogars mais il est rare d’avoir de véritables citoyens capables de prendre l’honorable voie de l’art de la guerre, répliqua Hodir tout en dévoilant ses véritable intentions

Hodir écarta sa ceinture pour laisser voir une cicatrise verte et fixa tour à tour les généraux pour finir sur le vieux Grys qui ne souriait pas pour autant devant la révélation.

- Tu as pris l’amère voie de ceux qui se consacrent aux combats et condamné tes dernières années à ne pouvoir jouir de voir ceux qui sont nés de ta chair s’élever pour ta plus grande fierté, répondit le vieux Grys.

- Et j’ai accepté aussi de ne pas être esclave de nos pulsions de bêtes. Je suis libre. Alors vieux loup de guerre, acceptes-tu de m’offrir l’occasion d’ouvrir les yeux à ces grogars sur un monde qu’il laisse pourrir par lâcheté, continua Hodir d’un ton sévère.

Grys fit le tour de la table pour arriver près de Hodir et plongea son regard de glace dans celui de cet homme ours. Il donna un léger coup sur son épaule.

- Je te laisse le choix d’un village à piller et de faire ta besogne. Que le destin de ce hameau se répande à tous les autres pour qu’ils n’osent lever la main sur les armées de mon roi et nous rejoignent. De ce contrat, tu te satisferas, Hodir. Si tu oses massacrer plus que celui-ci…

Un silence s’imposa dans la tente et Hodir ricana en regardant les visages des seigneurs qui secondaient le héros Grys.

- Je ne suis pas fou au point de t’avoir comme ennemi juré. Le contrat me convient, finit Hodir en hochant la tête pour confirmer son accord.

Plusieurs longues heures suivirent pour ratifier ce contrat et pour le conclure avec le sceau du roi Dorkos. Les deux seigneurs de guerre repartirent à leur camp pour y retrouver leurs hommes qui festoyaient pour leur victoire à l’écart de la cité. Buvant et narrant leurs trouvailles grâce à leur pillage, ils se détendaient en sachant qu’il n’y aura pas d’histoire avec les troupes de Darkos. Beaucoup n’étaient pas encore revenus de la ville en flammes qui était bercé par les cris d’épouvante d’une population qui subissait le sort des vaincus.

Le camp des brisemontagnes s’illuminait par les braseros et les feux pour cuir un repas de fête fait de viande et d’alcool. Les mercenaires riaient et dansaient au chant des luths et des violons. A l’approche de leurs maîtres, les hommes se levèrent et les saluèrent avec un rare respect pour des canailles qui écument les terres avec la sinistre réputation de ne laisser que la peur dans les cœurs des survivants.

Hodir restait silencieux et contemplait ses hommes se libérant de la peur de la mort qui n’avait pas voulu d’eux sur ce siège où près de deux milles hommes avaient péris sous l’étendard de l’assiégeant.
Nulle gloire en cette bataille, il y en avait plus depuis longtemps sur ces terres déchirées par l’avidité des rejetons de l’empereur des terres des tempêtes. Mais il restait de l’or pour les charognards comme les mercenaires d’Hodir.
Hodir s’était assis près d’un feu où ronflait un vieux soldat au ventre gras et à la barbe blanche. Le vieux Bitie traversait les champs de bataille depuis 35 ans et était considéré comme un puits de connaissance sur toutes les guerres dans le pays. Hodir réveilla le sac à bière d’un coup de pied dans ses fesses. Celui-ci grogna et ouvrit les yeux sur son maître.

- Bordel de putes vierges du ciel, tu me fais chier Hodir à brutaliser mon cul.

D’un rire gras, Hodir tendit une chope où un liquide verdâtre y était secoué. Le vieux grincheux se leva et tendit la main pour prendre ce godet qui allait réchauffer une nouvelle fois son estomac. Mais l’homme à la carrure d’un ours écarta le nectar et le fixa dans les yeux.

- Que me veux-tu encore pour me rendre fou devant ma promise ? s’insurgea Bitie

- Nous allons avoir l’opportunité de recruter en toute impunité sur l’un des villages aux alentours et j’ai besoin de toi qui est l’un de mes meilleurs maître artilleur et surtout le plus gras de mes soldats pour m’indiquer celui qui serait le parfait candidat.

Bitie cracha sur le sol et prit la chope des mains de son seigneur et ami.

- Sale vieille burne. Je comprends que tu as besoin de véritables guerriers de profession plutôt que ces Grogas qui perdent leur contrôle au moindre cul répondit Bitie qui ingurgita la liqueur à grandes gorgées

- La guerre civile s’éternise et les contrats se font rares. J’ai besoin d’hommes qui suivent mes ordres et mes motivations, confirma Hodir.

- Et venir incendier leurs vies, tu crois que leur loyauté sera acquise, accusa Bitie

- Ils verront l’horreur des vaincus et comprendront que notre camp est finalement meilleur que de se battre au coté de l’un des rejetons de leur bien aimé empereur, répondit Hodir.

Bitie but quelques gorgés du liquide verdâtre et essuya sa bouche dans laquelle de nombreuses dents avaient été sacrifiées pour ses erreurs sur le champ de bataille ou dans les tavernes. Le vieux grassouillet tourna sa tête en direction d’un groupe de soldats qui se battait. Le vieil homme soupira et but une nouvelle lampé de sa chope. Il se leva pour se diriger vers la tente de son maître.

- Allons y, maître de guerre. Je vais t’indiquer un village qui rassemble de bons potentiels.

Hodir sourit et marcha derrière son vieil ami. Ils entrèrent dans sa tente où Roddick attendait dans la pénombre d’une lampe à l’huile en aiguisant son épée dentelée. Bitie fit un salut vers cet homme sinistre. Hodir prit quelques cartes et les étala sur la table. Le vieux soldat pointa son doigt sur trois villages.

- Le village d’Eckul, d’iris et d’aelika sont les plus importants à mes yeux. Ils ont des trappeurs, chasseurs et bucherons. Des hommes vigoureux et qui ont survécu durant la guerre en faisant de la guérilla pour protéger leurs familles lors des incursions des Uthyrs et des Ottars.

- En effet, je les connais et je suis heureux d’avoir la même vision que toi à leur sujet mais il ne m’en faut choisir qu’un seul. Je sais que tu connais le village d’où vient le Serpent de Biférak.

Bitie ferma les yeux et prit son inspiration.

- Farmir Dysiliel, celui qui arrêta l’armée des Ottars à l’est en tuant quatre généraux et près de 80 hommes à lui seul, se remémora Bitie avec un ton sinistre.

- Lui-même et comme un couard, il s’est caché durant la guerre civile. Soit disant disparu. Nous allons le faire sortir en s’attaquant à sa descendance, reprit Hodir.

- Alors c’est celui là que tu dois attaquer. En pointant le village d’Aelika de son doigt graisseux, confirma Bitie.

Roddick se leva en plantant son épée dans le sol. Il s’approcha de la carte sous les regards méfiants de Bitie. Il fit signe à celui-ci d’un coup de tête de partir ce qu’il exécuta immédiatement. Roddick s’appuya sur la table pour regarder leur prochaine destination.

- Attirer le regard de cet assassin sur nous en pillant son village natal. Crois-tu Hodir que cela va te permettre d’atteindre nos objectifs, s’exprima Roddick.

- J’ai besoin de le faire revenir à la surface. Il a disparu depuis maintenant 10 ans et nos informations recueillies à la capitale nous indiquent qu’il est bien vivant. Il est comme moi, il a pris la même voie et il ne peut plus faire naître quelqu’un de son sang. Ses seuls enfants sont là-bas et nous allons nous en occuper, répondit Hodir avec une certaine crainte dans sa voix

- Je ne suis guère enthousiaste de ton idée et je n’en vois pas le but, répliqua Roddick en fixant le village condamné à subir leur courroux sur la carte.

- Parce qu’il est plus important que tu ne le crois et il est temps de gagner la guerre civile une bonne fois pour toutes en récoltant la plus belle des récompenses.

Roddick fixa le visage d’Hodir avec une incompréhension absolue. Il ouvrit à peine la bouche que Hodir le coupa avec un regard brillant de malice.

- Ne t’inquiète pas mon ami. Le plan se déroule comme prévu et les brisemontagnes vont pouvoir dicter les règles à ses infirmes de la raison pour bâtir notre gloire et en finir avec nos promesses de vengeance envers la vie.
Roddick prit son épée et la pointa en direction d’Hodir qui dégaina la sienne pour la poser sur la lame dentelée. Ils frappèrent leur lame d’un coup sec tout en se regardant dans les yeux.

D’une seule voix, une promesse se fit entendre dans les ténèbres d’un camp au pied d’une ville saccagée.

- Par l’acier et le sang, cette voie est notre jusqu’à notre mort.

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